Peut-on vraiment envoyer des emails marketing sans polluer ?

L'emailing est un moyen de rester en contact avec ses usagers et ses clients, et aussi de capter des prospects. Vous avez une newsletter ? Vous conviez votre audience à des événements ? Vous envoyez des promotions ? Tout ceci fait partie du quotidien des équipes marketing et communication. Alors que fait-on si l'on veut intégrer cela dans une démarche de sobriété numérique ? Peut-on adapter ses pratiques ou faut il carrément arrêter l'emailing ?
Quelle est l'empreinte carbone d'un email ?
Cette question parait simple, et pourtant la réponse est loin de l'être. En effet, l'impact carbone d'un email est extrêmement variable en fonction des usages et de la configuration de l'émetteur et du destinataire de l'email. Quelques exemples : quel type d'appareil est utilisé pour envoyer l'email ? À combien de personnes est il envoyé ? Y a-t-il une pièce jointe ?
Selon l'organisation Carbon Literacy Project, un email standard génère en moyenne 4g de CO2.
Et selon Statista, 376,4 milliards d'emails sont envoyés et reçus chaque jour dans le monde en 2025. Cela ferait donc 1,5 millions de tonnes de CO2 par jour. C'est plus de 3 fois les émissions CO2. annuelles de la France (source Insee). Bref : c'est un vrai sujet.
Limiter la fréquence d'envoi
Le premier réflexe à avoir, c'est d'envoyer moins d'emails, tout simplement. Alors évidemment, tout dépend d'où on part. Si vous envoyez des emails toutes les semaines ou tous les mois, consultez vos statistiques : est-ce que vos destinataires ouvrent vos emails ? Est-ce qu'ils cliquent ? Vous pouvez tester d'espacer vos communications et de mesurer l'impact. Vous pourriez être surpris de voir décoller votre taux d'ouverture et de clic en communiquant un peu moins souvent. Oui, car vous n'aurez pas noyés vos utilisateurs dans des flots d'emails qu'ils ne consultent même plus.
Envoyer uniquement des emails à une cible qualifiée
L'objectif est simple : envoyer des informations uniquement aux personnes que cela intéresse.
Voici quelques idées de segmentations :
- Communication localisée. Si vous connaissez la ville de vos destinataires et que vous organisez un événement à Rennes, il n'est peut être pas utile d'inviter les Marseillais.
- Secteur d'activité (en B2B). Si vous faites une newsletter pour communiquer sur vos références dans la santé, est-il bien nécessaire de l'envoyer à vos clients dans l'immobilier ?
- Fonction et rôle ans l'entreprise (en B2B). Parlons ROI et performance pour un DG, mais fonctionnalités et usages pratiques pour un chef de projet par exemple.
- Centres d'intérêt
- Comportement face aux emails. On peut par exemple cibler uniquement les destinataires actifs (taux d'ouverture et d'engagement) plutôt que de relancer systématiquement les inactifs. On peut aller plus loin en adaptant le contenu selon les liens cliqués.
Faire des emails les plus légers possibles
Plus l'email est lourd, plus il consomme de l'énergie pour être hébergé, transmis et consulté. Le nerf de la guerre, c'est son poids. Voici ce que l'on peut faire pour l'alléger au maximum.
Compresser le poids de ses images au maximum
Comme pour votre site internet, évitez d'importer des images massives.
On aimerait aller plus loin en convertissant les images au préalable dans des formats vraiment optimisés comme le WebP et le AVIF, qui permettent de diviser le poids d'une image drastiquement (jusqu'à le diviser par 10 pour le .AVIF). Malheureusement, certains clients email ne supportent pas ces formats. On risque alors d'avoir un rendu "cassé" : image vide ou croix rouge. Réservez donc les formats plus modernes (WebP, AVIF) pour vos sites internet et vos landing pages où l'on peut prévoir un format de repli (fallback) pour charger le JPG uniquement quand le navigateur n'affiche pas le format optimisé.
Vous pouvez tout de même alléger le poids de vos images sans en modifier le format. ll existe plusieurs sites gratuits pour recadrer, optimiser et modifier les images comme par exemple Photopea ou IloveIMG.
Supprimer les pièces jointes
Un pièce jointe, c'est vite lourd. Tant que votre email n'est pas supprimé dans la boite de votre destinataire, il reste stocké et ça consomme de l'énergie. Privilégiez donc un lien vers une page web où l'utilisateur peut accéder à votre pièce jointe et la télécharger uniquement s'il le souhaite.
Nettoyer le code HTML (sauf que... ce n'est pas si simple)
Là aussi, on reprend une bonne pratique du web : plus le code est lisible et minifié, plus il est léger, moins il consomme. Des développeurs peuvent se charger de le minifier, et on peut aussi s'aider d'outils comme HTML Minifier ou Email Comb. Mais cela ne fonctionne que si on importe son propre template HTML dans un outil d'emailing. Cela parait une bonne idée pour avoir un design 100% sur mesure et un code le plus optimisé possible, mais on constate souvent des problèmes d'affichage sur certains clients email quand on fonctionne ainsi.
Votre email est magnifique sur Gmail en desktop et mobile... mais sur Outlook, il y a un problème d'affichage. Vous faites en sorte de le corriger et cela créé pourtant un effet de bord sur Apple Mail.
Vous l'aurez compris : on s'arrache vite les cheveux. Sans compter qu'il faut des compétences techniques, alors que les templates proposés par les outils d'email marketing proposent des modules en glisser déposer à la portée de tous, qui garantissent une bonne lisibilité des emails sur l'ensemble des messageries.
Privilégier les polices standards
Privilégiez les polices standards (Arial, Verdana, sans-serif…) déjà installées sur les ordinateurs et smartphones : elles ne nécessitent aucun téléchargement externe. En plus d’alléger vos emails, elles garantissent un affichage homogène sur tous les clients de messagerie, sans mauvaise surprise visuelle.
Choisir un outil d'emailing responsable
Voici les critères à analyser pour guider votre choix de fournisseur pour vos campagnes emailing :
- Où sont hébergées les données ?
- Quelle énergie alimente les datacenters ?
- Quels sont les engagements RSE ?
Chez Concept Image, après analyse nous avons opté pour Brevo (zero commission dessus). La solution est française, elle permet d'envoyer gratuitement des emails en deçà d'un certain seuil, l'interface est intuitive et le service client est joignable en cas de problème. Brevo semble être dans une démarche d'analyse et de réduction de son impact environnemental, notamment via la publication de son bilan carbone.
Authentifier votre domaine
Authentifier votre domaine, c'est prouver que les emails viennent bien de vous (et pas d'un spammeur), grâce à 3 protocoles : SPF, DKIM et DMARC. Nous ajoutons quelques enregistrements techniques (DNS) chez votre hébergeur de domaine, fournis par votre outil d'emailing. C’est comme poser un tampon officiel sur ses emails : ils sont ensuite mieux délivrés, mieux identifiés et renforcent la crédibilité de votre marque.
Tester votre email marketing
Si vous avez déjà fait une bourde dans l'envoi d'une campagne, vous connaissez cette sueur froide : "Mince... je vais devoir renvoyer un email à toute ma liste de destinataires".
Prenez le temps de tester votre email en amont pour éviter de doubler l'impact environnemental de votre campagne :
- Faites relire le texte par un tiers (pour identifier les fautes d'orthographe, les erreurs de dates, les liens qui ne fonctionnent pas...)
- Testez le dans votre outil : envoyez un test à quelques collègues avec des boites différentes (Gmail, Outlook...), des terminaux variés, et des configurations multiples (ex : dark mode)
- Pour aller plus loin, vous pouvez recourir à des outils spécialisés comme Mail Tester.
Inviter à la désinscription et nettoyer régulièrement sa liste de destinataires
Diminuer le nombre de destinataires semble toujours difficile pour les équipes marketing et communication. On a le sentiment de parler à moins de monde, en théorie ça donne l'impression d'un plus petit KPI. Pourtant, il faut avoir le courage de parler à une plus petite audience qui est mieux qualifiée. Voici quelques pistes :
- Invitez vos abonnés à se désinscrire facilement s'ils ne souhaitent plus recevoir vos emails. C'est une obligation pour être conforme au RGPD. Mais allons plus loin dans le respect de nos utilisateurs avec un lien clair et visible dans le pied de page.
- Nettoyez régulièrement votre base en supprimant vos adresses inactives ou erronées
Fixer une date d'expiration
Le rêve du marketeur responsable, c'est bien évidemment de pouvoir supprimer ses campagnes email des boites email de ses destinataires à une date définie. Malheureusement, elle n'est pas prise en charge aujourd'hui par les fournisseurs de messagerie. Mais on peut néanmoins déjà l'activer dans les outils d'email marketing engagés dans le collectif Email Expiration Date, tel que Brevo. L'objectif : encourager les fournisseurs à passer le cap, afin de réduire l'espace de stockage et d'économiser de l'énergie.
Calculer l'impact des campagnes
Comme dans tout projet de sobriété numérique, il est important de se confronter aux ordres de grandeur.
Bonne nouvelle : certains outils d'email marketing permettent de consulter directement l'empreinte carbone de ses campagnes.
Cela permet de s'appuyer sur du concret pour :
- Analyser l'impact réel des optimisations que vous réalisez
- Comparer l'empreinte carbone de vos emails à celles d'autres actions en interne
- Sensibiliser vos collègues au sujet, en vous appuyant sur des comparateurs carbone comme celui d'Impact CO2 développé avec l'ADEME
- Identifier des moyens de compenser l'impact carbone de vos emails en faisant des choix de sobriété ailleurs dans votre entreprise. Par exemple inciter à prendre le train plutôt que la voiture pour des déplacements professionnels, commander un repas végétarien pour votre prochain repas d'équipe : les idées sont multiples.
Si on s'intéresse à l'emailing de l'agence entre janvier et septembre 2025, voici ce que ça donne :
- Des envois tous les mois
- Des emails avec des images, mais sans pièces jointes
- Une solution française
- Une base de données qualifiée
Résultat : 7,53g de CO2.
Alors : c'est beaucoup ? Cela correspond à 60 mètres parcourus en voiture thermique, l'utilisation d'une ampoule LED pendant 1h, ou encore ... 1/25è d'une tasse de café (oui, parce que les grains de café, ça prend l'avion). Moralité : on passe à la chicorée ?
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